Téhéran. Après 2764 jours passés en prison, un condamné à mort en sursis retourne à l’appartement où il a vécu avec sa femme et tente de reprendre le cours de sa vie.
Quatrième de couverture:
« Une oeuvre d’une grande puissance romanesque ancrée dans la terrible actualité du monde. »
L’histoire se passe à Téhéran, le premier hiver après la révolution islamique.
Mariam, une jeune fille de 16 ans, découvre la date de sa mort dans le livret de famille. Son père lui explique qu’elle était dans le ventre de sa mère lorsque celle-ci est morte du fait de l’effondrement du toit de leur maison, et qu’elle en a été extirpée quelques heures après. Elle apprend de surcroît l’existence d’une soeur homonyme, disparue dans les mêmes circonstances et dont elle serait la réincarnation.
Mariam entreprend alors sa quête de vérité et d’identité par un changement de prénom. Or, cette simple démarche administrative est confrontée au refus du nouveau pouvoir politico-religieux qui voit en la jeune fille une miraculée et cherche à vérifier l’hypothèse de sa résurrection. Les autorités veulent à tout prix lui ravir son pouvoir supposé. Au fil des pages, le dossier de Mariam prend de plus en plus d’importance à leurs yeux. Elles s’efforcent de comprendre les mécanismes d’une telle résurrection afin de remédier aux lourdes pertes humaines sur les champs de bataille de la guerre Iran-Irak. La célèbre parole du Prophète qui en son temps avait proclamé qu’un jour avant la fin du monde quelqu’un de sa descendance ressusciterait les morts trouve une tournure toute pratique en ces circonstances et sert de référence idéologique au chef de la Commission de résurrection pour poursuivre Mariam.
Sur fond de croyances religieuses et de légendes sacrées, s’engage dès lors une course effrénée qui, à travers les méandres de la ville de Téhéran, embarque le lecteur dans des situations singulières et des lieux insolites. Un ancien temple zoroastrien transformé en centre de musculation pour blessés de guerre, une clinique ou l’on garde les « foudroyés », autrement dit les soldats choqués par ce qu’ils ont vu au front et qui passent désormais pour visionnaires. Mais aussi des jardins de mosquées, des ruelles, un labyrinthe urbain hanté par une agitation politique et religieuse mêlée d’angoisse et de fureur. Une spirale infernale qui finit par conduire la narratrice et son entourage à la catastrophe.
Dans Téhéran, ville éventrée par les travaux du métro, une archéologue tente de reconstituer une stèle relatant l’histoire d’une citadelle des morts jadis enfouie.
Prix littéraire de l’Asie 2006, décerné par l’ADELF
Sorour Kasmaï, l’auteur du remarqué Cimetière de verre, fait dans ce récit épique l’éloge plein d’alacrité des femmes iraniennes qui ont le courage, chacune à leur manière, de résister à la tyrannie.